ARTS VIVANTS

L'ÉTENDOIR

écho d'un lavoir collectif

« Une femme libre est exactement le contraire d’une femme légère. »

- Simone de Beauvoir

Est-ce qu’avoir l’air libre, c’est être dans la lutte constante, avoir des cernes jusqu’aux orteils ?

Il y a un âge auquel on rencontre sa mère, plus ou moins tôt et plus ou moins chaotiquement, mais toujours dans le fracas d’une idole qui choit.
Une femme s’essore le crâne, repasse son ventre, et quelques circonvolutions de son cerveau. Dans le sous-sol de son immeuble, perchée sur la machine à laver, elle pose sur la sellette la figure de sa mère. Et puis tant qu’à laver à grande eau les mythes de son adolescence, tout y passe : sa féminité, son héritage physique et idéologique et cette question qui revient inlassablement, posée en défi : la libération sexuelle est-elle possible ?

Dans trois pièces et demie et une buanderie, il y a l’utopie de faire naître un grand besoin de mutualisme qui envahirait les culottes et les bouches.

Dans un monde qui complique les relations entre individus en élaborant des rapports de pouvoir, de quelle couleur est ta culotte ?

Durée : 1h

L'ÉQUIPE

Conception : Tamara Lysek et Alicia Packer
Co-écriture : Océane Forster
Adaptation : Tamara Lysek et Alicia Packer
Jeu : Alicia Packer
Lumières et scénographie : Keyne Motte
Son : Trilog - Eric
Regard externe : Julien Barroche

Photos : Pierre Vogel, Eric Motte, Jean-François Meuwly
Captation : Léon Orlandi

Avec le soutien de : Loterie Romande, Fondation Michalsky, Délégation jeunesse du canton de Vaud, Délégation jeunesse de la ville de Lausanne, FAE – Université de Lausanne
Coproduction : Théâtre 2.21

TOURNÉE

Théâtre 2.21, du 24 au 29 septembre 2019
La Ménagerie, Festival FTF, ACUD Theater, Berlin, 16 novembre 2019
Théâtre du Pommier, Neuchâtel, 11-12 février 2020

FORSTER

Océane

Sur une écriture originale d'Océane Forster:

Après avoir longtemps entretenu une pratique d’écriture pour soi, c’est au gymnase qu’Océane se lance dans une recherche stylistique. En 2015 et 2017, elle participe à deux éditions des Salves Poétiques, festival de poésie bisannuel, qui donnent lieu à deux publications de l’association POEM. En 2016, son Travail de Maturité, Solite, qui met en espace ses créations poétiques, est primé par la Haute École des Arts de Berne. En parallèle, elle participe à un atelier d’écriture proposé par Yves Renaud et Cesare Mongodi. S’en suit la publication d’un recueil, État des Lieux, en 2018. Au sein de ce cadre privilégié, elle a expérimenté les genres et enrichi sa culture littéraire. Attirée par la pluridisciplinarité, elle s’intéresse également au théâtre. Après deux ans de cours de théâtre et de cinéma à l’école de Laurence Lerel, Océane intègre l’école du TKM, La Ruche, qu’elle termine en 2018. Elle suit actuellement un Bachelor es Lettres en Histoire de l’art et Français moderne à l’UNIL. Elle participe en outre à l’Atelier Critique donné par Lise Michel.

EXTRAIT DE TEXTE


J’étends la lessive. J’ai pris l’habitude de mettre le linge dans une corbeille en le sortant du tambour de la machine afin de m’éviter d’incessants allers-retours.
C’est une activité du dimanche, une des seules tâches ménagères que j’aime assez effectuer, sans trop râler, quoique qu’un peu, arguant avec prétention que j’ai mieux à faire.
Je mets ma main dans la corbeille sans regarder ce que je fais, en tire un vêtement que je déplisse en secouant, puis que je suspends à cheval sur deux barres voisines de l’étendoir. Je fais ça mécaniquement comme hypnotisée par l’automatisme. Aux pulls de coton se succèdent les chemises de nuit délavées, les chaussettes toutes uniformément noires et courtes sans égard pour cette forme d’originalité qui pousse certains à acheter des chaussettes orange ou ornées de motifs ridicules, les larges culottes de ma mère dont parfois les élastiques mis à nu pendent hors du coton bon marché, de ces culottes pour femmes, qui arborent pourtant sur les fesses un LOVE écrit en rose fluo dans cette matière élastique et plastifiée que l’on utilise souvent pour décorer les vêtements, et dont elle est fière comme si elles étaient le signe, la preuve évidente de son émancipation féminine face au désir masculin, comme si se soustraire à l’esthétisme, s’abstenir de porter de jolis sous-vêtements, c’était se définir autrement qu’en tant qu’objet de désir. À côté de ces chiffons doux je place un peu honteuse mes petites culottes de dentelle que j’ai lavées à la main, qui ont fait froncer ma mère la première fois qu’elle les a vues. Et elle, et moi, nous avons raté notre libération sexuelle.

© 2019 Compagnie Porte-Bagages
crédits photos :
 Alejo Pascual, Léon Orlandi, Jessy Marchetti
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